SBC101 case

La transition vers une économie plus verte est aujourd’hui un enjeu majeur pour notre société. Les jeunes générations sont de plus en plus sensibles à cette question et cherchent à s’engager dans des projets concrets pour construire un avenir plus durable. C’est le cas d’Alex-Luca et Jules, deux étudiants en administration des affaires à l’université HEC Montréal, qui ont décidé de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat écologique en créant leur entreprise E-Fit. 

 

Leur objectif est de donner une seconde vie aux autobus de la région afin de développer une société plus écoresponsable. En effet, ils ont identifié un manque dans le système de transport québécois en matière d’électrification et ont décidé de s’attaquer à l’un des marchés les plus polluants, à savoir le transport, en proposant une solution innovante et responsable. 

 

Le transport est aujourd’hui responsable de 25% des émissions de carbone au Canada, avec les transports en commun en tant que grande source de ces émissions. Face à cette réalité, les deux entrepreneurs ont choisi de se concentrer sur le recyclage et la transformation des autobus en véhicules électriques afin de contribuer à l’électrification du transport dans la province. Ils sont persuadés que cette solution socio-responsable peut véritablement propulser l’électrification du transport et ainsi contribuer à réduire l’impact environnemental du secteur. 

 

Actuellement, la seule option offerte aux compagnies de transport est l’achat d’un nouvel autobus neuf pour se tourner vers des alternatives plus vertes que leurs véhicules thermiques. Cependant, cette solution présente plusieurs problématiques. Tout d’abord, la production de ces nouveaux autobus électriques est très polluante, notamment du fait que des usines entières doivent être construites, que les véhicules sont souvent importés d’ailleurs et que beaucoup d’émissions de carbone sont dégagées des lignes d’assemblage. 

 

De plus, la situation actuelle est que le service de transport au Québec est déjà entièrement équipé, les compagnies possèdent déjà des bus fonctionnels et en bon état. En remplaçant ces véhicules par des modèles électriques, les véhicules thermiques se retrouvent souvent à la ferraille ou encore vendus à l’étranger, ce qui ne règle pas le problème de pollution, mais ne fait plutôt que le déplacer ailleurs. 

 

C’est là que l’entreprise E-Fit intervient. En proposant des solutions de recyclage et de transformation des autobus déjà en circulation, l’entreprise permet aux compagnies de transport de réduire leur impact environnemental en adoptant des véhicules électriques tout en limitant leur investissement financier. 

 

La transformation d’un autobus thermique en autobus électrique est un processus relativement simple ; on retire les parties polluantes (moteur thermique, pot d’échappement, réservoir d’essence) et on les remplace par leurs alternatives écologiques, soit un moteur électrique, une batterie, et tous les autres composantes nécessaires afin que le tout fonctionne. Une fois la mécanique mise à jour, l’autobus hérite également d’un remodelage esthétique. Afin d’obtenir un résultat final le plus proche possible d’un véhicule neuf, une évaluation sera faite afin de déterminer les besoins de l’autobus et celui-ci recevra une nouvelle couche de peinture, des bancs réparés ou encore une nouvelle radio. Une inspection approfondie sera également effectuée pour identifier des freins usés ou autres aspects techniques qui puissent devoir être changé.  

 

Suite à ce court séjour dans les garages d’E-Fit, le véhicule en sort pratiquement neuf avec une nouvelle espérance de vie fortement allongée. Les fondateurs d’E-Fit estiment à environ 100 000$ le coût total du service, sachant que le prix d’un autobus électrique neuf tourne actuellement aux alentours de 300 000 à 500 000$, cette alternative n’est pas seulement plus verte, mais pourrait également permettre aux entreprises de diviser par jusqu’à 5 le coût d’électrification de leur flotte.   

 

Le processus de transformation se nomme le Rétrofit, cette technologie, encore relativement inconnue au Canada, est développée en Europe et E-Fit a choisi de s’associer avec la compagnie française Bymoss pour développer un kit rétrofit complet pour les autobus de différentes tailles. Bymoss est une entreprise spécialisée dans la transformation de Land Rover Defender et s’est récemment lancée dans l’électrification de vieilles motos BMW. Le CEO de l’entreprise, Mostefa Abdou, est un pionnier dans le rétrofit en Europe et joue un rôle actif dans l’élaboration des lois entourant la transformation de véhicule en France. L’entreprise a déjà développé et homologué son propre kit rétrofit, lequel a fait ses preuves à travers les nombreux prototypes qui circulent déjà sur la route et ont passé tous les tests. Grâce à cette association, E-Fit peut réutiliser la technologie développée par son partenaire français et la réadapter pour qu’elle fonctionne sur les autobus québécois.  

 

Mais les jeunes entrepreneurs ne s’arrêtent pas là. Ils prônent une approche collaborative et souhaitent développer et former un réseau de garagistes et mécaniciens québécois compétents pour inclure l’écosystème local dans la transformation des nombreux bus. Ces professionnels recevront une formation spécialisée sur la technologie rétrofit afin que les investissements des compagnies québécoises restent dans la province plutôt que de partir au profit de constructeurs internationaux. Cette approche encouragera l’économie locale et développera la durabilité du fonctionnement en créant une toute nouvelle gamme d’emplois. 

 

E-Fit prévoit également développer de nombreux partenariats pour offrir des services connexes à l’achat du véhicule, notamment avec des fournisseurs de bornes électriques, des compagnies d’assurance et autres, afin d’offrir le service le plus complet possible à ses clients. 

 

Cette initiative d’E-Fit est en soutien aux objectifs du gouvernement du Québec, qui souhaite électrifier 60% des autobus de la province d’ici 2030. En effet, les gouvernements provinciaux et fédéraux font de gros efforts afin d’encourager les compagnies de transport à se tourner vers des alternatives vertes. En 2021, plus de 100 millions de dollars ont été libérés afin d’offrir diverses subventions à l’achat de véhicules électriques neufs. Une autre centaine de millions de dollars a également été investie afin de financer la construction d’une usine de fabrication d’autobus au Québec, l’objectif étant de développer la compétitivité de la province et d’encourager l’emploi local. Plus récemment, des professionnels du milieu rétrofit en France sont invités à venir partager leur avis et leurs connaissances afin de former les législations encourageant la transformation des véhicules au Canada.  

 

Plus largement, le succès de la compagnie Ecotuned (seule entreprise rétrofit au Québec et se spécialisant dans la transformation de camions Ford F-150) démontre la faisabilité du projet et trace un chemin dans la législation provinciale afin de guider le développement d’E-Fit. 

 

Tous ces aspects confirment qu’E-Fit a bel et bien trouvé une niche à potentiel énorme et apportent une solution désirée et nécessaire au milieu actuel. 

 

Avec une alternative à moindre coût comme celle-ci, la pénurie de véhicules dont souffre actuellement le réseau du transport électrique serait réglée et le gouvernement aurait la possibilité d’atteindre ses objectifs beaucoup plus rapidement et à moindre coût. Si les subventions actuellement disponibles pour les véhicules neufs s’appliquent aux services E-Fit, l’investissement gouvernemental nécessaire sera considérablement réduit, ce qui libérera des fonds pour d’autres investissements dans différents secteurs. 

 

 

 

L’entreprise en est actuellement à ses débuts, mais elle obtient déjà du soutien de différents organismes et incubateurs, tels quEntreprendre Ici, Réseau Mentorat et Social Business Creation. Les jeunes entrepreneurs participent également à de nombreuses compétitions entrepreneuriales pour lever du financement. Ils se rapprochent petit à petit de leur objectif de 150 000$ estimé afin de se lancer en affaires et produire leur premier prototype. 

 

Si tout se déroule selon les plans, E-Fit espère avoir son premier prototype fonctionnel et certifié d’ici l’été 2024, afin de pouvoir par la suite se lancer à l’attaque du marché Québécois. Les deux jeunes entrepreneurs sont cependant clairs dans leurs intentions, bien qu’ils démarrent leurs activités dans la province, ils ont comme objectif de rapidement étendre leurs activités partout à travers le Canada, puis, s’internationaliser. Sachant que l’environnement est une problématique internationale, la solution E-Fit a le potentiel d’être implémentée dans pratiquement n’importe quel pays, ce qui ne fait encore une fois que confirmer le potentiel de croissance du projet.  

 

Restez à l’affût des développements d’E-Fit, une compagnie d’ici qui vise un futur réussi.